« Ce qui tient l’ossature du monde »
(Récit autour des os, des Reins, du feu digestif et de la sagesse taoïste)
Il y a des douleurs qu’on n’entend qu’en silence.
Elles ne crient pas.
Elles s’infiltrent.
Un matin, on se baisse et ça craque.
Un soir, on remarque qu’on a rapetissé de quelques centimètres.
Un jour, on apprend un mot qu’on n’avait jamais vraiment regardé en face : ostéoporose.
Mais dans l’esprit de la médecine chinoise, ce mot ne s’arrête pas aux os.
Il parle de vide, de fatigue profonde, de froid enraciné, et surtout… de Reins.
Dans l’ombre de nos os, une histoire invisible se raconte.
L’Occident mesure la densité osseuse.
L’Orient, lui, observe la force du Jing, l’essence vitale logée dans les Reins.
Cette essence n’est pas seulement une donnée biologique.
C’est une flamme de fond, un héritage que l’on reçoit à la naissance, et que la vie épuise ou nourrit.
Les anciens disaient :
“Les Reins gouvernent les os et engendrent la Moelle.”
Et cette moelle, ce n’est pas qu’un tissu :
C’est le berceau du sang, la source de la vitalité, ce qui remplit le cerveau et soutient la colonne.
🌬️ Le froid descend quand le Rein s’épuise.
Lorsque le Yang du Rein s’affaiblit, tout se contracte.
Les douleurs deviennent plus profondes, surtout le matin.
Les lombes, les genoux, les hanches réclament de la chaleur.
Les mains sont froides, les jambes gonflées.
La fatigue devient pesante, et les urines, plus fréquentes.
Même les femmes le sentent dans leur utérus :
Le froid interne crispe le ventre, gèle les règles, ralentit la vie.
Alors le corps s’allège… mais pas de la bonne manière.
Il perd sa densité, sa substance, son ancrage.
🥣 Mais comment nourrir cette base invisible ?
Il ne suffit pas de prendre du calcium.
Car même les pays où le lait coule à flot, comme la Finlande ou les États-Unis, sont ceux où les os se cassent le plus.
Et à l’inverse, au Japon ou dans les villages reculés d’Afrique, où on boit peu de lait, les os semblent plus solides.
Pourquoi ?
Parce que le calcium ne suffit pas si la Rate ne digère plus.
Parce que les produits froids, crus, sucrés, collants, alourdissent.
Ils génèrent de l’Humidité, bloquent l’énergie centrale, et empêchent la moelle de se nourrir.
Alors on change de cap.
On revient à l’essentiel.
On réchauffe le ventre avant de nourrir les os.
🔥 Allumer le feu de la cuisine… intérieure.
Le matin, il ne faut pas brusquer le corps avec un yaourt froid et des céréales industrielles.
Mais lui offrir un petit déjeuner chaud, tiède, vitalisant.
Comme une crème de riz gluant avec dattes, cannelle douce, gingembre râpé et zeste d’orange séché.
Pas pour “faire régime”.
Mais pour entretenir ce feu digestif sacré qui transforme la matière en énergie.
Ce feu-là, les taoïstes l’appelaient Ming Men, la Porte de la Vie.
Et les plantes ? Et les épices ?
Certaines graines réchauffent les os.
La noix de Grenoble, douce et tiède, tonifie le Rein, chasse l’Humidité, nourrit le Jing.
Le sésame noir, grillé, glissé dans les soupes, les bouillies, soutient la moelle.
Et puis il y a les grands alliés du Froid :
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la cannelle (Gui Zhi)
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le gingembre sec (Gan Jiang)
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le poivre de Sichuan
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le clou de girofle, feu profond qui ravive l’Estomac
Utilisés avec mesure, ils redonnent à la cuisine sa mission première : chauffer, transformer, vivifier.
🧘♀️ Et le Qi Gong, là-dedans ?
Il est là pour réveiller ce feu sans le brusquer.
Par les mouvements d’ouverture, la respiration profonde dans les Reins, les postures stables qui soutiennent le bassin, on stimule la moelle et le Jing.
On fait circuler le Qi et le Xue (le sang).
On donne un espace au corps pour se souvenir qu’il est fait pour être habité.
💡 Et si on arrêtait de réparer nos os, pour commencer à nourrir leur source ?
Alors on se tiendrait debout autrement.
Pas par obligation.
Mais par rayonnement.
Parce que nos os ne sont pas des tubes vides.
Ils sont des piliers de lumière, traversés par la mémoire du ciel et de la terre.
Et quand le Rein est fort, même le silence du corps devient porteur.